Préserver nos espaces naturels

Paysages fabuleux de la Plaine des Cafres
Images, textes et montage : Gilbert La Porte

Des espèces qui vivent en symbiose,
Des pitons majestueux accessibles à pied, sans gros efforts,
Dame Nature a façonné ses reliefs et leurs décors durant des millénaires sous le regard bienveillant du Piton des Neiges.
Bourg Murat, du nom d’Auguste Murat, petit village niché à 1 600 m d’altitude, au pied du Piton Dugain.
Le Maire du Tampon a vendu 30 ans auparavant, des parcelles sur le terrain communal dans un nouveau lotissement dénommé Les Topazes. Les habitations ont des allures de résidences paisibles dans ce hameau principalement agricole et touristique. Tourisme vert avant tout, Bourg Murat est à mi-chemin de randonnée entre les deux plus hauts sommets de l’île de La Réunion.
Le projet actuel du Maire est pompeusement appelé Parc du Volcan – volcan qui est situé à 40 km d’ici – mais lequel parc se résume quand on lit le projet dans les détails, à quelques attractions copiées sur le Puy du Fou de l’aveu même du Maire.
Son projet prévoit d’installer au sommet du Piton Dugain, 10 départs de tyroliennes dont 6 vont terminer leurs courses aux abords des Topazes, et quatre autres vont terminer leur folle course près de l’Institut théologique musulman de La Réunion, à proximité de la RN3.
Imaginez : vous habitez ces résidences et bientôt des fous furieux vont vous surplomber les jours fériés et de vacances en poussant des cris d’écorchés vifs.
Alors qu’aujourd’hui, Bourg Murat c’est ça : eucalyptus géants, fougères indigènes, zones humides si précieuses pour nos cours d’eau, tamarins des hauts, des pitons qui ont assisté, paisibles, aux affres de l’esclavage et des marrons qui y ont vu un refuge naturel pour fuir les chasseurs d’humains ! Plaine des Cafres que d’aucuns ont voulu débaptiser comme ils veulent aujourd’hui tout effacer avec leur projet, même l’œuvre de la Nature millénaire. Zambavilles et tamarins des hauts vivent en harmonie, Piton Dugain non défiguré aujourd’hui par la station de tyroliennes, Piton Acacias, Piton Villers et sa station météo, les pâturages et, a loin, les remparts de la rivière du même nom.
Montée du Piton Guichard. On s’éloigne du bourg pour s’enfoncer dans la forêt. Sans artifice, le temps, les saisons et les éléments plantent un décor fabuleux. L’air est chargé de parfums délicats. L’œil aguerri peut capter l’insolite dans un décor de conifères chargés de teintes des quatre saisons. Nature accueillante et bienfaisante ! Intégrés bien qu’exotiques, les arums se plaisent dans cet environnement humide et vivifiant.
Les activités agricoles, des décors de cartes postales, l’artiste inspiré s’étonne devant de tant de merveilles, tout comme l’agriculteur ou le randonneur amoureux transi.
Faisons l’ascension du Piton Dugain qui vit ses derniers jours, si nous ne faisions RIEN. Car même l’ONF a délivré le permis de l’inhumer au profit des tyroliennes écocides. Paysages et espèces florales exceptionnelles se succèdent : tamarins des hauts, ambavilles, fleurs jaunes, mimosas, fougères indigènes.
Mahos, fougères, fleurs jaunes, tous ensemble ! Vous verriez ici la plateforme de 30 m pour faire sauter des ahuris suspendus à des filins en criant à l’assassin ? Toute cette flore et la faune qu’elle abrite sont vouées à disparaître définitivement pour faire plaisir à des zozos qui vont payer 30 euros pour quelques secondes de frissons débiles.
Tout en haut, là-haut Piton Dugain, un lieu de culte cher, souvent très cher, pour les fidèles de la Plaine des Cafres. Mgr Aubry n’a même pas daigné nous répondre à notre interpellation. Bof, avec les tyroliennes, le Piton Dugain rapportera - peut-être - beaucoup plus que les humbles pèlerins.
La descente le long des veines de vie transportant l’eau aux habitants du bourg. Et soudain, le bourg, les pâturages, et ce piton menacé, l’authenticité même de ce bourg menacée. La paix de ces gens menacée. Ces artisans ou ces artistes renvoyés au musée des bizarreries au profit des attractions inspirées du Puy du Fou, mais quel fou a pu imaginer ça ?
Préserver ou réparer les héritages de Dame Nature ? Qui sommes-nous pour priver nos enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants de tous ces bienfaits détournés par quelques entrepreneurs cupides et sans scrupules ?
Des citoyens de Bourg Murat, de la Plaine des Cafres, du Tampon et de toute l’île se sont mobilisés dans et autour de Domoun la Plaine, pour lutter contre ce projet écocide, inutile et budgétivore. Ils sont déterminés à préserver ces espaces naturels millénaires de l’avidité d’entrepreneurs cupides.
Si on n’y prend garde, ils vous vendront demain l’air que vous respirez et les beaux paysages que vous admirez aujourd’hui à volonté. Sans tyrolienne, ni ballon captif, la Nature nous offre une attraction permanente.
Sauvegardons notre écosystème !