Poutine : et maintenant la contestation des Russes… #cdanslair 22.09.2022

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Manifestations, départs à l’étranger… La mobilisation de 300 000 réservistes décrétée hier par Vladimir Poutine pour aller se battre sur le front ukrainien semble avoir eu l’effet d’un électrochoc en Russie. Jusque-là "l’opération spéciale" en Ukraine, comme l’appelle Moscou, était l’affaire des militaires mais cette guerre qui ne dit pas son nom en Russie est en train de devenir l’affaire de tous. De quoi saisir la société et soulever un vent de contestation.
Quelques heures seulement après l'allocution du maître du Kremlin des rassemblements se sont ainsi formés dans 38 villes du pays. Des hommes mais aussi beaucoup de femmes, inquiètes pour leurs proches, ont décidé de braver l'interdiction de manifester pour faire entendre leur "non à la guerre", au risque d'être condamnés à des peines de prison, ou d'être directement envoyé sur le front. 1400 personnes ont notamment été arrêtées.
A cette opposition exprimée dans la rue, il faut également ajouter l'exode. L’annonce de la mobilisation partielle a en effet semé un vent de panique chez les hommes de moins de 60 ans qui ne souhaitent pas rejoindre le front, et certains ont immédiatement décidé de gagner l’étranger. Ainsi les billets pour des vols directs vers les destinations les plus proches de la Russie – l'Arménie, la Géorgie, l'Azerbaïdjan ou encore le Kazakhstan – ont tous été épuisés pour la journée de mercredi, selon le site Aviasales, très populaire en Russie pour acheter ses billets. En direction d'Istanbul avec Turkish Airlines, devenue depuis les sanctions occidentales et la fermeture de l'espace aérien européen l'une des principales voies de sortie du pays en avion, "tous les vols sont complets" jusqu'à samedi.


Alors la guerre de Poutine est-elle de plus en plus contestée en Russie ? Et cette fronde pourrait-elle avoir une influence sur les décisions du Kremlin ?


Pour l’heure, aucun changement n’est annoncé par les autorités russes, bien au contraire. Dmitri Medvedev, l’ex-président russe, et actuellement vice-président du conseil de sécurité de la Russie, a ainsi déclaré sur Telegram que "l’establishment occidental – tous les citoyens des pays de l’OTAN en général – doivent comprendre que la Russie a choisi sa propre voie. Il n’y a pas de retour en arrière possible". Il a, par ailleurs, confirmé que "des référendums auraient lieu" dans les républiques du Donbass. Ces scrutins doivent se dérouler en fin de semaine dans les régions de Donetsk et de Louhansk (Est), ainsi que dans les zones sous occupation russe dans la région de Kherson (Sud). L'intégration à la Russie de ces régions représenterait une escalade majeure dans le conflit en Ukraine. La Russie a déjà annexé en 2014 la péninsule ukrainienne de Crimée (Sud), un rattachement entériné par un référendum qui avait été précédé par une intervention militaire et qui est dénoncé comme illégal par Kiev et les Occidentaux.


Autre pays à connaître actuellement une vague de contestation : l’Iran où la rigueur du régime des mollahs est conspuée depuis cinq jours. De nouvelles manifestations ont eu lieu hier soir encore dans tout le pays pour dénoncer la mort de la jeune Mahsa Amini après avoir été arrêtée par la milice des mœurs iranienne parce qu’elle ne portait pas bien son voile. Depuis dans les rues et sur les réseaux sociaux, la colère gronde. Des femmes brûlent leur voile, coupent leur cheveux et les rassemblements s’enchaînent malgré la répression. Des événements qui ne sont pas sans rappeler les émeutes de 2019. À l'époque, le pays s'était soulevé contre la hausse des prix de l'essence. Les manifestations avaient été réprimées dans le sang, et les réseaux de communications brouillés. Plus de 1500 personnes avaient alors été tuées, selon Reuters.


Que se passe-t-il en Russie ? L’opposition à la guerre en Ukraine est-elle de plus en plus importante dans la société russe ? Et pourquoi la mort de Mahsa Amini entraîne-t-elle des manifestations en Iran ?


Invités :


- Pascal Boniface, directeur de l’IRIS - Institut de Relations Internationales et Stratégiques
- Anne Nivat, grand reporter, auteure de "Un continent derrière Poutine ?" - Le Point
- Armelle Charrier, éditorialiste en politique internationale - France 24
- Tatiana Kastouéva-Jean, directrice du Centre Russie / NEI - IFRI, auteure de "La Russie de Poutine en 100 questions" - Institut Français des Relations International





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