Un même mème ? La main de l'animateur: Jérôme Dutel (Université Jean Monnet, Saint-Etienne)

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Jérôme Dutel (Université Jean Monnet, Saint-Etienne), "Un même mème ? La main de l'animateur".
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Peu d’images semblent aussi indissociables du geste artistique que celles montrant la main au travail. La peinture, comme la sculpture, a toujours accordé une place essentielle, symbolique et technique, à la monstration de celle-ci. Au XIX°, aux images franches de la main dessinant, peignant, écrivant, s’ajoutera une vision plus mentale et surnaturelle à travers la vogue du thème de la main coupée s’animant d’une vie indépendante, faisant sombrer la représentation du côté du trouble et du refoulé. Dès lors, avec la modernité, l’explosion des formes et des pratiques artistiques, l’image de la main pourra servir à tout. Le Français Emile Cohl ouvre ce qui a été longtemps considéré comme le premier dessin animé, Fantasmagorie(1908), par sa propre main au travail, dessinant le protagoniste des fantaisies qui vont suivre et anticipant l’idée de métamorphose propre à la ligne tracée qui va suivre. Las ! James Stuart Blackton avait déjà usé du même stratagème introductif dans cet Humorous Phases of funny faces(1906) qui a pris à Cohl le titre de premier dessin animé sur support cinématographique… Toujours est-il que c’est certainement plutôt l’incipit de Cohl que reprennent les cartoonists américains, tels Max Fleischer pour Koko le clown de Out of the inkwell(1916) ou l’animateur Otto Messmer pour les aventures de Félix le chat (1919). S’agit-il d’ailleurs de reprise ou faut-il simplement trouver là le gimmick naturel de l’animateur dessinateur, ainsi qu’il semble se perpétuer tout au long du dernier siècle ? De fait, la main de Cohl –ou celle de Blackton ?- se démultiplie au fur et à mesure que de l’animation se développe. On la retrouve ainsi dans la célèbre série populaire La Linea(1971-1986) de l’Italien Osvaldo Cavandoli aussi bien que dans Manipulation(1991) du Britannique Daniel Greaves, oscar du meilleur court métrage d’animation en 1992, ou des œuvres plus spécifiques comme Punkt und Striche(2006) de Jesús Pérez ou Passo (2007) d’Alê Abreu. A regarder les premiers films de quelques réalisateurs, on en viendrait même parfois à se demander s’il ne s’agit pas là d’un réel passage obligé… Sans prétendre à une intenable exhaustivité de ce qui pourrait être le premier mème du cinéma d’animation, nous souhaitons, à travers plusieurs exemples, autant mesurer la symbolique et la modernité des initiatives prises par Cohl que questionner la circulation d’une image qui en est venue à circuler dans l’ensemble du cinéma d’animation. La mise en mouvement de cette main créatrice s’est ainsi, naturellement pourrait-on dire, imposée dans l’animation en volume –ou stop motion- mais il faudrait aussi se demander dans quelle mesure, avec l’avènement de la vidéo personnelle et du web (nous pensons ici, par exemple, aux innombrables tutoriels de dessin où la main se retrouve mise en avant, signant l’acte créatif autant qu’une affirmation narcissique), cette image en mouvement ne cesse de circuler, croître et de se multiplier
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Jérôme DUTEL est Maître de Conférences en Littérature Générale et Comparée, membre du CELEC (EA 3069, Université Jean Monnet Saint-Etienne). Ses thèmes de recherche concernent d’une part l’analyse de la création, la hiérarchisation et la répartitionde nouvelles catégories génériques à l’intérieur des littératures de l’imaginaire, et d’autre part une réflexion autour de l’interaction entre texte(s) et image(s), notamment à travers les démarches d’adaptationentre littérature, art contemporain, bande dessinée et cinéma d’animation. Il a notamment dirigé l’édition de L’Autorité des genres (Cahiers du CELEC, 2015) etLa Relation – Abolir les frontières(Cahiers du CELEC, 2017), co-dirigé avec Stefano Lazzarin, Dante Pop(Veccharelli, 2018), avec Yves Clavaron et Clément Lévy, L’Etrangeté des langues(Presses Universitaires de Saint-Etienne, 2011) et avec Eric Dacheux et Sandrine Le Pontois, La BD, un miroir du lien social (L’Harmattan, 2011) et La Bande Dessinée : art reconnu, média méconnu, Hermès n° 54(CNRS Editions, 2009).En collaboration avec le Festival Ciné Court Animé de Roanne avec lequel il travaille depuis 8 ans, il vient de diriger une journée d’études (2019, colloque en mars 2020) autour des liens entre bande dessinée, livre illustré et court métrage d’animation et d’éditer, dans la collection Cinémas d’animations de L’Harmattan, les actes du colloqueAu milieu de l’image coulent les textes (2018) et d’une journée d’études elle aussi consacrée au même sujet, L’adaptation littéraire et le court métrage d’animation(2017).
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https://www.imago.ens.fr/portfolio/circulation-images/
Catégories
Sculptures

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