Portrait de Léonard Martin, artiste finaliste 2020

"Alma", le projet proposé pour le Prix MAIF pour la sculpture, est un automate en verre soufflé dont le nom
évoque la célèbre effigie d’Alma Mahler que fit réaliser
le peintre Oskar Kokoschka pour se consoler de son
amour perdu. En hommage à ce fait divers, cette
sculpture animée, dont la transparence laisse apparaitre
l’intérieur de la machinerie, revisite le thème historique
du rapport de l’artiste à son œuvre à l’heure du transhumanisme.
"Alma" sera une figure forte et puissante, une divinité des
temps modernes, émancipée de son créateur. Le
paradoxe se tiendra là. L’usage d’une technologie
permettra à la sculpture de programmer ses
mouvements et de se débarrasser du manipulateur.
Tandis que l’enveloppe de verre gardera volontairement
à la vue du spectateur la mécanique du système,
rejetant tout idéal illusionniste. Ainsi, l’œuvre
entretiendra une constante ambiguïté sur le
manipulateur et le manipulé. La présence d’une petite
caméra à l’intérieur de son organisme permettra de
diffuser l’image du spectateur, en miroir, sur un écran
situé dans sa tête. A travers la paroi de verre, le
spectateur entendra une matière sonore composée de bribes de textes et de fragments
musicaux qui laissera deviner la nature de ses pensées. Des lumières placées à différents
endroits animeront le corps d’Alma et par leur variation d’intensité pousseront le spectateur à
lire les différents organes de ce corps comme autant d’épisodes d’un récit de gestes. La
lumière mettra aussi en valeur la matière intrinsèque du verre.
Alma formera ainsi une œuvre totale, une sorte de sculpture-opéra, et tentera de saisir un
monde dans son entier, à la manière des Géants humanistes de Rabelais qui s’enivraient des
nourritures du corps et de l’esprit, au risque parfois de ne plus distinguer l’intérieur de
l’extérieur.