Portrait de Grégory Chatonsky et Goliath Dyèvre, artistes finalistes 2020

Alors que la réalité augmentée consiste
habituellement à superposer une représentation
numérique à une réalité, Goliath Dyèvre et
Grégory Chatonsky imaginent des objets
matériels qui accueillent la réalité augmentée.
Pour "Internes", leur projet d'oeuvre présentée pour le Prix MAIF pour la sculpture 2020, le duo se projette dans un monde
où tout ce qui pourrait être augmenté le serait ; la
matière deviendrait ainsi un décor vide pour le
numérique.

Ce projet interroge la relation entre
les humains, les techniques et le monde qui les
entourent. Il s’agit d’unités de 1 x 1 x 1m
chacune, imprimées en béton. Elles peuvent s’emboîter les
unes avec les autres et s’assembler pour construire des objets, des espaces, des immeubles,
des villes, jusqu’à remplir la totalité du monde, jusqu’à saturation de la Terre par une gelée
grise. Ces unités sont fonctionnelles, mais on ne sait pas à quoi elles servent. On peut se saisir
de certaines d’entre elles, les manier et observer leur augmentation numérique.

Deux dispositifs réalisés par les artistes, en parallèle du Prix MAIF, viendront compléter la
narration de la sculpture. Un film mettra en scène les étranges rituels des habitants de ce
monde augmenté. De plus, à intervalle régulier, un.e performeu.r.se doté.e d’un casque de
réalité augmentée, interviendra pour nous raconter le monde qu’il.elle expérimente et
deviendra l’interface narrative du projet. D’un côté, une matérialité servant de support, de
l’autre un monde augmenté toujours changeant tel un flux. Le défi du projet de sculpture
réside dans l’usage innovant de la technique d’impression béton et l’intrication entre les
volumes matériels et numériques afin de créer une réalité intermédiaire. Il s’agit de voir ce
que l’art fait à l’innovation plutôt que ce que l’art fait de l’innovation.
Grégory Chatonsky et
Goliath Dyèvre remettent ainsi à plat des questions de l’histoire de la sculpture (le vide, le
plein, le creux, l’ajout, le moule) et celles contemporaines des technologies afin de montrer
qu’une zone ontologique trouble s’ouvre entre les deux.