On connaît la voix de Pascal Goffaux, on connaît sa manière de mettre en mots les arts plastiques qui constituent la matière principale de ses (lumineuses) chroniques sur La Première ou sur Musiq3. L'homme de radio est aussi écrivain. S'il en fallait confirmation, il suffirait d'ouvrir "La nostalgie de l'aile" (Editions Esperluète) et d'en lire les premières lignes pour littéralement entendre l'histoire qu'il nous révèle ici, une autobiographie de l'absence.
Le narrateur et protagoniste est un homme public, un de ceux qui font de la radio cet art singulier de l'éveil de la curiosité vers toutes les formes d'art, littérature, peinture, beaux-arts. Nous laissant ainsi le temps, de nous attarder sur la forme, l'écriture, le style, et quelques thématiques qui sous-tendent ceux-ci.
L'écriture de Goffaux - il s'agit sans doute d'un effet de sa réserve naturelle - use comme Cioran des ressources glacées de l'humour et de l'ironie. En travaillant la phrase pour la rendre la plus objective possible, l'auteur donne à lire des morceaux d'anthologie, comme ces fragments de mémoire qui évoquent - racontés par sa mère - la naissance de l'enfant. Comme cette manière de révéler qu'il est "un accident" qui ne sera suivi d'aucun autre enfant. D'où ce manque abyssal d'un petit frère, malgré la présence du frère aîné, qui, par absurde soumission à l'autorité d'une vieille tante sans enfant, vit avec cette dernière, séparé de Pascal d'un seul étage de la maison, une distance infranchissable comme on le lira.
A la phrase détachée, glaçante succèdent des évocations d'une émotion bouleversante, comme ces passages où Goffaux nous dit ce que sont les anges, ces "grands ordonnateurs du hasard"; lorsqu'il évoque l'apparition de l'un d'entre eux, incarné en un étudiant apparu à la fin d'un cours que donne l'auteur dans un amphithéâtre de l'université, être diaphane qui lui transmet, comme un viatique, la parabole de l'image et de l'imaginaire. Son prénom est identique à celui du frère aîné, Philippe. La mémoire de ce qu'il représente hante tout le livre, à partir de la rencontre initiale. Evocations aussi de la mer, que ce soit à Coxyde ou à Saint Malo. Pour ce dernier lieu, le cheminement de la plume de Goffaux suit avec une fluidité lumineuse les méandres de la mémoire: celle des études secondaires à Saint-Michel, du professeur de français, M. Dujardin, de la découverte grâce à lui de Chateaubriand et enfin, la mémoire d'un extrait fondateur de "ce livre fleuve": J'étais presque mort quand je vins au jour....(...)dans la chambre où ma mère m'infligea la vie... Similitude avec l'incipit de Goffaux: Je suis né malgré moi. Je ne voulais pas.
On pourrait à l'infini tirer les fils de cette laine si fine qui constitue la trame mémorielle du livre, citer les rencontres de l'auteur avec Aliocha Schneider, avec Vianney, partager les visions qu'inspirent des peintres comme Delacroix ("Le combat avec l'ange"), découvrir des écrivains comme Emmanuel Bove (par le titre vertigineux de la biographie que lui consacrent Cousse et Biton: La vie comme une ombre )...mais c'est par les évocations du métier de la radio que, nous semble-t-il, Pascal Goffaux trouve les mots les plus justes pour donner à son récit la vraie lumière. La vocation de la radio a été de toute première heure la vraie et pleine vocation du jeune Pascal Goffaux, comme une évidence dont il dévoile ici, en filigrane du livre ou de façon explicite dans certains fragments: lorsque enfant, Goffaux est fasciné par la voix qu'il entend à la radio, Elle venait de nulle part, comme moi Et puis l'évidence de la vocation qui se confirme à jamais: Je voulais faire de la radio parce que je voulais parler à quelqu'un qui n'était pas là.
Les photographies de Laurent Quillet qui qui prennent place en fin de volume, sous l'exergue Faites comme si je n'étais pas là, inversent le processus de création radiophonique propre à Goffaux, évoquer par les mots les oeuvres invisibles à l'auditeur dont il rend compte. Des photographies de famille, l'artiste efface un enfant (lui-même) jusqu'à n'en laisser qu'une trace diaphane (dans les bras de sa maman à la maternité, sur la chaise haute le jour d'un anniversaire, ou, sur la plage, jouant avec son père au cerf-volant).
D'autres photographies, issues de l'album familial de Goffaux cette fois, et laissées intactes, viennent illustrer deux séquences du récit. L'auteur voulait-il par cette redondance (la photo confirme le texte) faire la démonstration de la vérité qu'il nous dévoile?
Le narrateur et protagoniste est un homme public, un de ceux qui font de la radio cet art singulier de l'éveil de la curiosité vers toutes les formes d'art, littérature, peinture, beaux-arts. Nous laissant ainsi le temps, de nous attarder sur la forme, l'écriture, le style, et quelques thématiques qui sous-tendent ceux-ci.
L'écriture de Goffaux - il s'agit sans doute d'un effet de sa réserve naturelle - use comme Cioran des ressources glacées de l'humour et de l'ironie. En travaillant la phrase pour la rendre la plus objective possible, l'auteur donne à lire des morceaux d'anthologie, comme ces fragments de mémoire qui évoquent - racontés par sa mère - la naissance de l'enfant. Comme cette manière de révéler qu'il est "un accident" qui ne sera suivi d'aucun autre enfant. D'où ce manque abyssal d'un petit frère, malgré la présence du frère aîné, qui, par absurde soumission à l'autorité d'une vieille tante sans enfant, vit avec cette dernière, séparé de Pascal d'un seul étage de la maison, une distance infranchissable comme on le lira.
A la phrase détachée, glaçante succèdent des évocations d'une émotion bouleversante, comme ces passages où Goffaux nous dit ce que sont les anges, ces "grands ordonnateurs du hasard"; lorsqu'il évoque l'apparition de l'un d'entre eux, incarné en un étudiant apparu à la fin d'un cours que donne l'auteur dans un amphithéâtre de l'université, être diaphane qui lui transmet, comme un viatique, la parabole de l'image et de l'imaginaire. Son prénom est identique à celui du frère aîné, Philippe. La mémoire de ce qu'il représente hante tout le livre, à partir de la rencontre initiale. Evocations aussi de la mer, que ce soit à Coxyde ou à Saint Malo. Pour ce dernier lieu, le cheminement de la plume de Goffaux suit avec une fluidité lumineuse les méandres de la mémoire: celle des études secondaires à Saint-Michel, du professeur de français, M. Dujardin, de la découverte grâce à lui de Chateaubriand et enfin, la mémoire d'un extrait fondateur de "ce livre fleuve": J'étais presque mort quand je vins au jour....(...)dans la chambre où ma mère m'infligea la vie... Similitude avec l'incipit de Goffaux: Je suis né malgré moi. Je ne voulais pas.
On pourrait à l'infini tirer les fils de cette laine si fine qui constitue la trame mémorielle du livre, citer les rencontres de l'auteur avec Aliocha Schneider, avec Vianney, partager les visions qu'inspirent des peintres comme Delacroix ("Le combat avec l'ange"), découvrir des écrivains comme Emmanuel Bove (par le titre vertigineux de la biographie que lui consacrent Cousse et Biton: La vie comme une ombre )...mais c'est par les évocations du métier de la radio que, nous semble-t-il, Pascal Goffaux trouve les mots les plus justes pour donner à son récit la vraie lumière. La vocation de la radio a été de toute première heure la vraie et pleine vocation du jeune Pascal Goffaux, comme une évidence dont il dévoile ici, en filigrane du livre ou de façon explicite dans certains fragments: lorsque enfant, Goffaux est fasciné par la voix qu'il entend à la radio, Elle venait de nulle part, comme moi Et puis l'évidence de la vocation qui se confirme à jamais: Je voulais faire de la radio parce que je voulais parler à quelqu'un qui n'était pas là.
Les photographies de Laurent Quillet qui qui prennent place en fin de volume, sous l'exergue Faites comme si je n'étais pas là, inversent le processus de création radiophonique propre à Goffaux, évoquer par les mots les oeuvres invisibles à l'auditeur dont il rend compte. Des photographies de famille, l'artiste efface un enfant (lui-même) jusqu'à n'en laisser qu'une trace diaphane (dans les bras de sa maman à la maternité, sur la chaise haute le jour d'un anniversaire, ou, sur la plage, jouant avec son père au cerf-volant).
D'autres photographies, issues de l'album familial de Goffaux cette fois, et laissées intactes, viennent illustrer deux séquences du récit. L'auteur voulait-il par cette redondance (la photo confirme le texte) faire la démonstration de la vérité qu'il nous dévoile?
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