Nathalie Roseau _ De l'énoncé au projet, les mots de la ville-territoire

Colloque 2021 : La cité du XXIème siècle
Intervention publique à la Société Française des Architectes le 28/05/2021

Au cours des années 1990, un certain nombre de notions apparaissent pour tenter de conceptualiser les formes territoriales de la ville qui advient en Europe, c’est-à-dire cette constellation continue de nappes urbaines qui s’étend sur des centaines de kilomètres et réinterroge la notion de cité et d’habiter. La Città diffusa, la ville territoire, la ville émergente, Metapolis, l’hyperville, la Zwischenstadt : alors que s’est tenue au Centre Pompidou la grande exposition sur La ville, art et architecture, la revue Le Visiteur contribue à ce débat en publiant des textes sur la ville contemporaine de Melwyn Webber, André Corboz, Bernardo Secchi, Rem Koolhaas. Partant du principe que le contexte n’est plus celui d’une expansion des villes mais bien d’un « approfondissement » des territoires, les mots de l’urbain se multiplient pour essayer de qualifier ce que les mots anciens ne parviennent plus à saisir. La naissance et la dissémination du vocabulaire de la grande ville doivent être mises en regard de l’apparition, au tournant des années 2000, d’un certain nombre de projets de grande échelle et de natures diverses, qui réinterrogent à leur tour les contours de la ville-territoire dans laquelle ils s’inscrivent, qu’il s’agisse, pour n’évoquer que la situation du « Grand Paris », de la rénovation des Halles, du supermétro du Grand Paris Express, du projet d’Europacity ou de la privatisation d’Aéroports de Paris. Pour certains, leur déploiement soulève de fortes controverses sous la forme de débats, de résistances, de mobilisations qui investissent l’espace public et politique sous la forme d’agoras, de référendums, de manifestations. Ce phénomène n’est pas proprement hexagonal. Il est transeuropéen et mondial comme l’attestent les diverses contestations urbaines, sociales et politiques, qui touchent un certain nombre de « grands projets ». Que nous disent ces décalages et ces frictions des forces qui travaillent la ville ? De l’énoncé au projet, selon quelles voies l’action collective peut-elle s’orienter pour définir une écologie de la ville-territoire ?



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