Leonora Carrington / la plus étrange des peintres - écrivaines surréalistes ?

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Leonora Carrington. L’une des dernières figures de cette galerie d’écrivaines dites « folles ». Et peut-être l’artiste la plus complète de cette liste. Si elle est souvent d’abord identifiée comme peintre – et à juste titre – son œuvre littéraire mérite largement d’être redécouverte.
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???? Cette vidéo est un extrait d'une longue vidéo consacrée à 20 écrivaines "folles" et à la littérature féminine sacrifiée du 20e siècle :
https://youtu.be/zlgwV6s0k6s

Attention à ne pas la confondre avec Dora Carrington, peintre elle aussi, proche du Bloomsbury Group de Virginia Woolf, et qui s’est suicidée. Rien à voir ici. Leonora, elle, est née dans une riche famille anglaise. Enfant solitaire, mise à l’écart par ses frères, elle s’invente très tôt un monde bien à elle. Dès l’adolescence, elle rejette l’autorité et se fait expulser de plusieurs pensionnats religieux.

Une de ses premières nouvelles donne déjà le ton. Une jeune fille refuse de se rendre à un bal organisé par sa mère, et propose à une hyène de s’y rendre à sa place, en portant ses vêtements. Pour parfaire le déguisement, les deux comparses tuent une domestique et arrachent son visage pour le fixer sur celui de l’animal. La hyène peut ainsi s’introduire au bal et, comme on pouvait s’y attendre, finit par dévorer l’assistance. Le tout est raconté dans un style faussement naïf, presque enfantin, comme un conte qui dégénère. Une vision qui préfigure déjà toute l’œuvre de Carrington : étrange, animale, drôle, et profondément inquiétante.

Plus tard, la fortune familiale lui permet de voyager et de se consacrer à la peinture. Elle rencontre Max Ernst, avec qui elle entretient une relation intense et fusionnelle. Son père, furieux, tente de faire arrêter Ernst pour « pornographie ». Elle rejoint alors les cercles surréalistes en France et fréquente André Breton, qui admire ses textes.

La Seconde Guerre mondiale marque un basculement. Max Ernst est emprisonné. Carrington, fragilisée, sombre dans une crise mentale profonde. Des proches, pensant l’aider, l’emmènent soi-disant à la plage, mais la droguent et la font interner en hôpital psychiatrique. Elle y subira des traitements d’une violence inouïe – comme Janet Frame, évoquée dans une autre vidéo. Elle réussira néanmoins à s’enfuir.

Elle trouve refuge au Mexique, pays dont les paysages, le folklore, la culture mystique profondément marquée par la mort et les esprits, la captivent. Elle y vivra jusqu’à la fin de sa vie.

Son œuvre littéraire, trop souvent éclipsée par sa peinture, est pourtant d’une richesse saisissante. On y retrouve des récits peuplés d’animaux, de figures grotesques, de visions absurdes ou fantastiques, comme autant de formes de résistance à l’enfermement, réel ou symbolique.

Parmi ses livres, Le Cornet Acoustique est sans doute le plus remarquable. Et le plus drôle. Dans un monde d’écrivaines internées, suicidées ou effacées, c’est peut-être le seul livre ici à faire rire. L’histoire semble pourtant peu réjouissante : une vieille dame que sa famille décide de placer en maison de retraite. Mais cette maison-là n’est pas tout à fait comme les autres. Les pensionnaires sont étranges, un peu fous, parfois inquiétants, mais tous profondément humains. L’élément perturbateur, c’est le fameux cornet acoustique qu’on offre à la vieille dame – un objet qui lui permet d’entendre tout ce que disent les autres, et plus encore. Il ouvre un monde parallèle, drôle, absurde, traversé de fulgurances surréalistes. Le ton est à la fois moqueur, affectueux, grinçant. Il ne s’agit pas d’un roman réaliste sur la vieillesse, mais d’un conte halluciné où Carrington projette son propre regard sur le monde, fait d’ironie, de monstruosités douces, et d’épiphanies absurdes.

Il y a quelque chose d’unique dans ce roman. Quelque chose qui se dérobe à toute tentative de résumé. Une littérature du débordement. D’une marginalité assumée. D’une folie joyeuse. Carrington, sans jamais nier la violence qu’elle a traversée, ne s’y enferme pas. Elle en fait autre chose. Quelque chose de sorcier. De tendre. De ravagé.

Ce n’est pas un hasard si son œuvre fascine aujourd’hui un nouveau lectorat. Ce n’est pas une mode, ni une récupération militante. C’est une nécessité. Une voix qui manquait. Un monde parallèle que la littérature a trop longtemps ignoré, ou rangé dans les marges.

Leonora Carrington ne cherchait pas à « faire carrière ». Elle peignait, écrivait, disparaissait. Et ce qu’elle laissait derrière elle, ce n’étaient pas des thèses, ni des dogmes, mais des visions. Étranges. Incisives. Déconcertantes.

Et parfois, miraculeusement, très drôles.
Catégories
Peintures
Mots-clés
LeonoraCarrington, le cornet accoustique, leonora carrington autoportrait

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