Le rayonnement des luttes féministes latino-américaines sur l’Europe

Le féminisme latino-américain actuel est remarquablement actif comme le montrent les mobilisations “Ni una menos” ou la performance du collectif chilien Las Tesis “Un violeur sur ton chemin”, devenu un véritable hymne politique. En rupture avec le féminisme dit “blanc et bourgeois” des années 1960-1970, il se revendique plus inclusif en prenant en compte la situation des femmes de toutes les catégories sociales. Grâce, notamment, aux réseaux sociaux, la circulation des théories et des formes de mobilisation est en constante évolution et pénètre jusqu’en Europe. Lissell Quiroz, professeure d’études latino-américaines à CY présentera les différents courants féministes et collectifs féministes espagnols et français. Elle abordera notamment comment l’art est devenu l’un des modes d’expression féministe les plus mobilisés pour lutter contre la domination masculine.


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Lissell Quiroz présente un exemple de circulation des savoirs qui va du sud vers le nord, alors que l’on pense souvent que c’est automatiquement l’inverse qui se passe. Les féministes latinos américaines sont dans un moment de grand dynamisme comme l’illustre la vidéo suivante : https://www.youtube.com/watch?v=mjhGYeKHkbQ&ab_channel=ElMundo

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La mobilisation des femmes latinos américaines remonte à l’arrivée des premiers colons européens après 1492. Quand des femmes guerrières comme Anacaona ont résisté à l’envahisseur. Dans les siècles suivants on retrouve ces combattantes lors des révolutions progressistes du XXème, notamment. Le féminisme latino américain est issu de cette longue histoire.

7:57
Selon les féministes communautaires d’Abya Yala les femmes ont été le premier territoire de conquête. Face à la prédation des européens, elles sont les premières résistantes à la colonisation. La cheffe Taïno Anacaona, habitante de l’île d’Ayiti, a résisté farouchement à Christophe Colomb.

12:00
Dandara de Los Palmarès, une esclave marronne brésilienne, a défendu farouchement son Kilombo des attaques incessantes des côlons brésiliens. C’est un exemple parmi d'autres que les rébellions et les résistances ont été nourries par de nombreuses femmes affranchies. Dans les Kilombos brésiliens, ces communautés indépendantes composées de marrons et d’affranchis, les femmes étaient au centre de l’organisation sociale et militaire.

19:21
Les mouvements féministes occidentaux sont à peine postérieurs à ceux qui ont émergé en Europe et Amérique du Nord. Ils se composent en revanche de femmes blanches, d’un statut social élevé, et n’incluent pas dans leur lutte les questions sociales liées au femmes indigènes et afro-américaines. Leur revendication au droit de vote, ainsi que le droit au divorce, se limite à leur sphère sociale.

22:09
Nous avons dans l’imaginaire du révolutionnaire, l’image d’un activisme essentiellement masculin. Or les femmes sont omniprésentes dans ces mouvements, et non simplement comme des compagnes de combattants. Elles sont en réalité des soldates, des idéologues. Dans la révolution cubaine, par exemple, nous oublions que les femmes ont intégré le gouvernement une fois la révolution installée.

25:14
Dans les années 70, avec le développement des guérillas, des femmes prennent place dans le combat. On sait aujourd’hui qu’elles se sont engagées de manière significative. En Uruguay, au sein des Tupamaros, 25% des membres de la guérilla étaient des femmes. Elles demandaient à être traitées comme les hommes, sans aucun passe droit ou “privilège”. Elles imposent également que les tâches ménagères soient partagées.

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Le féminisme décolonial trouve son origine dans l’Amérique Latine des années 90. Ce mouvement élargit la question des femmes à celle de la classe et surtout la notion de race. Toutes les femmes ne sont pas opprimées de la même manière. Le concept établi une différence entre une femme d’origine européenne et d’autres issues de l’histoire précolombienne et esclavagiste. Ces différences entre les femmes, les oppressions qu'elles subissent, viennent de la colonisation. Et donc pour mettre fin à cette réalité, il faut décoloniser les esprits.

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L’une des formes les plus originales de la mobilisation des femmes latinos américaines est l’introduction de l’art dans l’activisme : l’artivisme. Ce n’est pas un divertissement mais bien une action militante. Toutes les formes d’art sont utilisées pour dénoncer, proposer et trouver une issue pour émanciper les femmes via l’art, toujours dans un processus de décolonisation.

Dans le cadre du cycle de conférences-débats Université Ouverte de CY Cergy Paris Université.
Enregistrée le jeudi 10 mars 2022.