Une "marche contre la guerre" sous haute surveillance. Pour la première fois depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, une manifestation de soutien aux Palestiniens s'est élancée de la place de la République à Paris, ce samedi, avec l'aval de la préfecture de Paris. Si l'État a autorisé le rassemblement, contrairement aux précédents, c'est sûrement parce que l'appel à manifester a été signé par la CGT, FSU, l’UNEF, LFI, EELV, le PCF ou encore le NPA, des organisations représentatives et structurées, qui disposent souvent de leur propre service d'ordre. D'abord silencieux, le Parti socialiste d'Olivier Faure, en froid avec la NUPES, a finalement annoncé qu'il se joindrait à la marche. Le préfet de police de Paris Laurent Nuñez a néanmoins annoncé qu'il ne tolérera aucun débordement. La moindre banderole ou pancarte à caractère antisémite fera l'objet d'une interpellation et d'une enquête judiciaire.
Le préfet reste marqué par la manifestation pro-palestinienne de juillet 2014, lors de laquelle des pro-palestiniens et des groupes de défense juifs s'étaient affrontés devant la synagogue Don Isaac Abravanel, rue de la Roquette (Paris XIe). L'inquiétude est grande, car à mesure que les bombardements s'intensifient sur la bande de Gaza, l'antisémitisme se propage en France : depuis les attaques du Hamas le 7 octobre dernier en Israël, plus de 880 actes antisémites ont été recensés en France par le ministère de l'Intérieur. Le dernier en date, un groupe d'adolescents scandant gaiement sa haine des juifs et sa "fierté" d'être nazis, dans le métro parisien, a suscité l'indignation de toute la classe politique. Une enquête a été ouverte par le parquet de Paris, notamment pour "apologie du terrorisme", tandis que le préfet a déclaré sur X (ex-Twitter) : "Nous ne laisserons rien passer. Tous les moyens d’investigations sont mis en œuvre pour retrouver rapidement les auteurs."
À Sarcelles, dans le Val d'Oise, où vivent côte-à-côte une importante communauté juive et musulmane, la recrudescence des actes antisémites inquiète forcément. Dans cette commune de 60 000 habitants, un quart sont de confession juive. Le 20 juillet 2014, en marge d'une manifestation contre l'intervention militaire d'Israël à Gaza, des violences antisémites avaient éclaté : commerces et voitures incendiées, mobilier urbain saccagé, tirs de mortier... Le traumatisme est resté vif parmi la population juive. Pour éviter tout nouveau risque d'embrasement entre les communautés, les rondes de police ont été renforcées. "Mon rôle est de faire en sorte que ça ne se reproduise pas", a déclaré le maire PS de la ville, Patrick Haddad. "Le conflit est déjà assez meurtrier là-bas pour qu'on n'ait pas besoin d'en rajouter ici", a-t-il ajouté.
Aux États-Unis, le vivre-ensemble a volé en éclat sur les campus universitaires où de violentes manifestations pro et anti-Israël ont été observées. "Nous tenons Israël pour entier responsable des violences en cours", a-t-on pu lire dans un texte co-signé par une trentaine de groupes en solidarité avec la cause palestinienne à Harvard, suscitant la colère des puissants donateurs de l'université. À Berkeley, haut-lieu du militantisme étudiant en Californie, les étudiants et le corps professoral se déchirent aussi. Les provocations fusent de la part des deux camps, sur les réseaux sociaux également, où les protagonistes se masquent pour éviter d'être reconnus, car ils risquent gros. Outre d'éventuelles poursuites judiciaires, les étudiants pourraient s'exposer aux foudres du milieu des affaires auquel certains se destinent.
Doit-on craindre davantage de débordements antisémites en France ? Comment préserver le vivre-ensemble entre les communautés juive et musulmane, mis-à-mal par la guerre au Proche-Orient ? Pourquoi les tensions sont-elles si vives sur les campus universitaires américains ?
Nos experts :
- Nonna MAYER - Directrice de recherche au CNRS/Sciences Po, spécialiste de l’extrême-droite, du racisme et de l’antisémitisme
- Anthony BELLANGER - Éditorialiste, spécialiste des questions internationales - France Inter
- Etienne GIRARD - Rédacteur en chef du service société - L'Express
- Vincent BRENGARTH - Avocat pénaliste
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Le préfet reste marqué par la manifestation pro-palestinienne de juillet 2014, lors de laquelle des pro-palestiniens et des groupes de défense juifs s'étaient affrontés devant la synagogue Don Isaac Abravanel, rue de la Roquette (Paris XIe). L'inquiétude est grande, car à mesure que les bombardements s'intensifient sur la bande de Gaza, l'antisémitisme se propage en France : depuis les attaques du Hamas le 7 octobre dernier en Israël, plus de 880 actes antisémites ont été recensés en France par le ministère de l'Intérieur. Le dernier en date, un groupe d'adolescents scandant gaiement sa haine des juifs et sa "fierté" d'être nazis, dans le métro parisien, a suscité l'indignation de toute la classe politique. Une enquête a été ouverte par le parquet de Paris, notamment pour "apologie du terrorisme", tandis que le préfet a déclaré sur X (ex-Twitter) : "Nous ne laisserons rien passer. Tous les moyens d’investigations sont mis en œuvre pour retrouver rapidement les auteurs."
À Sarcelles, dans le Val d'Oise, où vivent côte-à-côte une importante communauté juive et musulmane, la recrudescence des actes antisémites inquiète forcément. Dans cette commune de 60 000 habitants, un quart sont de confession juive. Le 20 juillet 2014, en marge d'une manifestation contre l'intervention militaire d'Israël à Gaza, des violences antisémites avaient éclaté : commerces et voitures incendiées, mobilier urbain saccagé, tirs de mortier... Le traumatisme est resté vif parmi la population juive. Pour éviter tout nouveau risque d'embrasement entre les communautés, les rondes de police ont été renforcées. "Mon rôle est de faire en sorte que ça ne se reproduise pas", a déclaré le maire PS de la ville, Patrick Haddad. "Le conflit est déjà assez meurtrier là-bas pour qu'on n'ait pas besoin d'en rajouter ici", a-t-il ajouté.
Aux États-Unis, le vivre-ensemble a volé en éclat sur les campus universitaires où de violentes manifestations pro et anti-Israël ont été observées. "Nous tenons Israël pour entier responsable des violences en cours", a-t-on pu lire dans un texte co-signé par une trentaine de groupes en solidarité avec la cause palestinienne à Harvard, suscitant la colère des puissants donateurs de l'université. À Berkeley, haut-lieu du militantisme étudiant en Californie, les étudiants et le corps professoral se déchirent aussi. Les provocations fusent de la part des deux camps, sur les réseaux sociaux également, où les protagonistes se masquent pour éviter d'être reconnus, car ils risquent gros. Outre d'éventuelles poursuites judiciaires, les étudiants pourraient s'exposer aux foudres du milieu des affaires auquel certains se destinent.
Doit-on craindre davantage de débordements antisémites en France ? Comment préserver le vivre-ensemble entre les communautés juive et musulmane, mis-à-mal par la guerre au Proche-Orient ? Pourquoi les tensions sont-elles si vives sur les campus universitaires américains ?
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