L’anthotype à l’ère du capitalocène, Marie Goehner-David

L’anthotype à l’ère du capitalocène : l’évanouissement de l’image photographique comme métaphore écologique, Marie Goehner-David (Université de Strasbourg, EA 3402 ACCRA)

En parallèle de l’explosion de l’image numérique, les techniques anciennes et notamment argentiques font leur réapparition, tant sur les étagères des commerces que sur les réseaux sociaux. Les raisons invoquées pour ce retour sont diverses, entre volonté de se détacher de l’esthétique numérique lisse, surpassement l’automatisme machinique, (ré)acquisition d’un savoir-faire, ou encore, envie de produire des images de manière non frénétique, à l’opposé de l’abondant flux numérique actuel (Boym, 2001 ; Reynolds, 2011). Dans l’optique d’aller à l’encontre de la volatilité digitale, les pratiques de l’argentique se repopularisent, de même que d’autres techniques anciennes sont revisitées, telles que le cyanotype ou encore l’anthotype.

Ce dernier procédé constitue le point d’appel de cette intervention. Il se base sur l’usage de végétaux, plantes ou matières organiques diverses, dotées de propriétés photosensibles, afin de créer des émulsions photographiques. Nécessitant entre quelques heures et quelques jours d’exposition, l’anthotype a été longtemps délaissé pour sa lenteur, ainsi que l’éphémérité de son empreinte, qui disparaît au fil du temps.

Aujourd’hui, le réinvestissement de cette technique semble prendre tout son sens, au cœur de l’ère du capitalocène, et au sein d’une société consumée par la frénésie digitale. Il s’agira d’observer comment l’anthotype propose non seulement une manière de revisiter la plasticité du médium photographique, mais également une option de création écologique, impliquant une reconnexion à la nature, par l’adaptation à ses ressources et son rythme d’évolution (Fabbri, 2022). L’anthotype se dessine ainsi comme un prétexte pour créer une image organique, vivante et mouvante, dont le représenté ne constitue pas le point final, mais la manifestation d’un processus aussi riche qu’éphémère (Batchen, 2016). En effet, l’empreinte à peine formée évolue au travers d’un irrémédiable processus d’extinction, à l’image de la situation écologique actuelle dont elle pourrait alors participer à la sensibilisation (Vrancken, 2020).

Diplômée d’une licence d’arts plastiques et d’un master Critique et Essais à l’Université de Strasbourg, Marie Goehner-David s’est spécialisée dans les diverses pratiques de la photographie et l’étude de leur processus, interrogeant les technologies aussi bien analogiques que numériques. Aujourd’hui doctorante en arts visuels à l’Université de Strasbourg, elle effectue ses recherches au travers d’une thèse, portant sur la transformation et la réception du rapport entre la photographie et la réalité à l’ère numérique. Enseignant à la faculté des arts visuels de Strasbourg, elle dispense des cours de photographie, de méthodologie théorique ou encore d’histoire de l’art contemporain. Par ailleurs, ses travaux la conduisent à animer des ateliers de sensibilisation à l’image dans diverses structures, mais également à expérimenter sa pensée de manière plastique. Ses images ont été exposées au CEAAC (2017, Strasbourg), au centre culturel la Villa (2020, 2023, Illkirch-Graffenstaden), dans le théâtre L’illiade (2021, Illkirch-Graffenstaden), dans le salon la Poudrière (Strasbourg), et à la Cité des halles de Lyon (2023).

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Constitué dans la perspective récemment ouverte par les études culturelles et visuelles, ce programme développe un ensemble de recherches et de réflexions sur l’image et les savoirs visuels, en privilégiant une approche interdisciplinaire sur des objets dont l’étude passe par le visible ou par ce qui est rendu visible (ou invisible) : rapports de pouvoir, connaissance, information, etc.

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