DUNUMBA DE MACIRE SUARE en 1992 à Conakry

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Archives personnelles de Fatouabou Camara

Cette vidéo est très riche en informations et en enseignements. D’abord, parce qu’on peut y apprécier l’essence du djembé dans son rapport à la danse dans un cadre communautaire. Maciré était une danseuse des Ballets Africains très appréciée, c’est pourquoi le gotha des batteurs sont venus à son dunumba.
Les connaisseurs apprécieront le jeu de chacun.
Les jeunes d’abord avec Boka et Waydou (qui n’apparaît pas à l’écran) qui était alors en pleine formation avec Fatouabou au sein des Percussions de Guinée « Junior ». Puis le master, Noumoudy avec son marquage si particulier qui avait gardé toute sa pertinence villageoise. Fatouabou ensuite au sommet de son art. Gbaworo le « phénomène ». Sény qui n’osait pas trop jouer, peut-être un peu impressionné par la personnalité du plateau et que Noumoudy très gentiment, encourage à se lancer dans l’arène ? Noumoudy en patron qui dirige les opérations et Fatouabou l’insolent qui appelle ses amis des ballets et joue avec le fameux danseur des Ballets Africains Bangaly Bangoura.
Tous les membres de l’ENPDG étaient là (enfin presque...) : Noumoudy Keïta, Fatouabou Camara, Aly Sylla, Koungbanan Condé, Lancei Kanté mais Lamine Lopez Soumah avait été retenu pour des problèmes de famille et Mamadouba "Brik Momo" Camara est arrivé en retard car il avait d’autres occupations professionnelles.
Pour les Ballets Africains étaient présents Gbaworo Keïta et Sény Touré, quant à Laurent Camara, il est arrivé trop tard quand la fête était déjà finie…
Présents : Mamadouba « Batteur » Camara et Ousmane Sylla du Djoliba
Les jeunes des Junior étaient au grand complet : Ibrahima Boka Camara, Naby Waydou Soumah, Mamadouba Mito Camara, Souleymane Camara, Alya Camara, Isamaël « la folie » Bangoura, Bala Camara
Quelle manière extraordinaire de transmettre le savoir faire des aînés… Voilà comment, par mimétisme, par capillarité, les jeunes apprennent le djembé en Guinée. Voilà pourquoi, la transmission magistrale qu’on dispense en Occident aura toujours ses limites !
Pour la petite histoire, les batteurs ont joué sur les djembé des Junior, c’est pourquoi on les voit passer du temps à régler leurs sangles.
On peut aussi remarquer les complicités entre nationaux, batteurs et danseurs, qui se connaissent par cœur. D’ailleurs les pas de certains danseurs sont issus de pièces de ballets du répertoire.
Il faut aussi souligner la joie de s’exprimer des danseurs professionnels ou amateurs, avec de tels batteurs car rarement, ils étaient tous réunis pour des cérémonies populaires. Avec pareille rythmique, comment ne pas s’éclater ? Si on « écoute » entre les lignes, on peut mesurer l’énergie que développe le batteur, la précision du jeu, la richesse du phrasé, l’interaction danse-musique, etc. Dans ce contexte populaire, pas de simagrées, pas de gestuelles; les batteurs retrouvent le jeu ancestral qui a tendance à se diluer, à se disperser sur la scène. D’autre part, cette vidéo nous montre l’importance du jeu debout afin que toutes les vibrations, les résonances, les énergies, soient en accord. Il y a dans cette vidéo quelque chose de précieux, de rare, quelque chose qui tient de l’essence même du djembé, bien sûr, mais aussi un aspect social où les artistes ont à la fois, pleinement conscience de leurs statuts de nationaux mais aussi, du rôle qu’ils ont à jouer au regard de leur histoire.
Enfin en aparté, le jeu de Gbaworo Keïta ne vous aura pas échappé dans sa particularité de placer les mains très avancées sur le djembé à la façon des originaires de Faranah (Fadouba Olaré, Kougbanan Condé). On retrouve aussi cette technique de placement des mains chez de nombreux batteurs maliens (Maré Sanogo) mais aussi Soungalo Coulibaly.