POLITIQUE - C’est un changement de ton assez radical. Deux semaines après la violente agression d’Yvan Colonna en prison, Gérald Darmanin est en visite ce mercredi 16 mars dans une Corse en proie à de vives tensions. Il arrive avec une promesse dans sa besace: “l’autonomie”. Le gouvernement y est prêt, assure-t-il dans une interview à Corse Matin, à rebours des choix d’Emmanuel Macron jusqu’ici.
“Voilà, le mot est dit”, ajoute le ministre de l’Intérieur, conscient de lever une forme de tabou sur ce dossier explosif, mais, prévient-il, “il ne peut pas y avoir de dialogue dans la violence. Le retour au calme est une condition sine qua non”.
Il faut dire que cette nouvelle concession, après la levée du statut de “détenu particulièrement signalé” des derniers membres emprisonnés du commando Erignac, intervient après plusieurs nuits d’émeutes sur l’Île de Beauté. Dans ce contexte, et à moins d’un mois de l’élection présidentielle, il n’en fallait pas plus aux différents prétendants à l’Elysée pour accuser le président-candidat d’impréparation”, au mieux, ou de “clientélisme cynique”, au pire.
Pour Valérie Pécresse, invitée de la matinale de France Inter ce mercredi, le chef de l’Etat “paie cash son mépris des territoires”. “Ça fait des mois, même des années que les régions de France demandent de pouvoir discuter de la différenciation régionale au sein de la République et de pouvoir prendre davantage de compétences”, fait valoir la candidate des Républicains, pour qui le président est “aux abois” et “cède à la violence” sur la Corse “comme il l’a fait à Notre-Dame-des-Landes.”
“Il faut ramener l’ordre avant d’entamer les négociations, sinon l’Etat n’entamera pas les négociations sur le nouveau statut de la Corse en position de force”, estime encore la présidente de région en accusant le gouvernement d’être “prêt à tout céder” face aux émeutes.
A droite comme à gauche, le président de la République est accusé d’agir dans l’urgence, après un quinquennat d’atermoiements sur le dossier. “Les demandes auxquelles semble commencer à répondre le ministre de l’Intérieur sont sur la table depuis des années et des années, par des élus légitimes”, affirme Xavier Bertrand sur LCI, en faisant mine de s’interroger: ”Ça veut dire qu’en France, il faut qu’il y ait des menaces et des violences pour que l’Etat se mette autour d’une table? Ce n’est pas la bonne façon de faire”.
“Il faut un drame, comme d’habitude...”
S’il ne conteste pas la décision sur le fond, Yannick Jadot, qui défend depuis “des mois et des mois l’idée d’une autonomie de plein droit en Corse”, accuse, lui aussi, le gouvernement de ne pas s’être emparé de la question plus tôt.
“Ce qui est terrible, c’est qu’il faut un drame, comme d’habitude avec ce quinquennat, pour commencer à entrevoir des solutions”, regrette-t-il, ce mercredi sur France 2, à l’heure où la violente agression d’Yvan Colonna fait ressurgir les tensions entre l’Etat et les nationalistes, frustrés que leurs victoires dans les urnes n’aient pas fait aboutir leurs revendications sous Emmanuel Macron.
Anne Hidalgo va plus loin et parle d’une “façon de faire extrêmement préoccupante” qui témoigne de la “volonté d’enjamber l’élection présidentielle avec un ministre de l’Intérieur qui nous explique qu’on engage un processus long d’autonomie”.
“Un mot lâché dans cette campagne à moins de quatre semaines du premier tour”, insiste la candidate socialiste sur Europe 1 pour mieux souligner ce calendrier singulier, à l’unisson d’une classe politique encline à parler “autonomie”, mais pas dans ces conditions.
Reste l’extrême droite et leur message aux tonalités différentes: “la Corse doit rester française”, martèlent avant tout Marine Le Pen et Eric Zemmour ce mercredi en réaction à l’interview de Gérald Darmanin. “Passer de l’assassinat d’un préfet à la promesse d’autonomie, peut-il exister un message plus catastrophique?”, écrit ainsi la cheffe de file du Rassemblement national sur les réseaux sociaux en ciblant “le clientélisme cynique d’Emmanuel Macron” qui “brise l’intégrité du territoire français”. L’ancien journaliste critique, lui, “une basse manoeuvre électoraliste.”
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“Voilà, le mot est dit”, ajoute le ministre de l’Intérieur, conscient de lever une forme de tabou sur ce dossier explosif, mais, prévient-il, “il ne peut pas y avoir de dialogue dans la violence. Le retour au calme est une condition sine qua non”.
Il faut dire que cette nouvelle concession, après la levée du statut de “détenu particulièrement signalé” des derniers membres emprisonnés du commando Erignac, intervient après plusieurs nuits d’émeutes sur l’Île de Beauté. Dans ce contexte, et à moins d’un mois de l’élection présidentielle, il n’en fallait pas plus aux différents prétendants à l’Elysée pour accuser le président-candidat d’impréparation”, au mieux, ou de “clientélisme cynique”, au pire.
Pour Valérie Pécresse, invitée de la matinale de France Inter ce mercredi, le chef de l’Etat “paie cash son mépris des territoires”. “Ça fait des mois, même des années que les régions de France demandent de pouvoir discuter de la différenciation régionale au sein de la République et de pouvoir prendre davantage de compétences”, fait valoir la candidate des Républicains, pour qui le président est “aux abois” et “cède à la violence” sur la Corse “comme il l’a fait à Notre-Dame-des-Landes.”
“Il faut ramener l’ordre avant d’entamer les négociations, sinon l’Etat n’entamera pas les négociations sur le nouveau statut de la Corse en position de force”, estime encore la présidente de région en accusant le gouvernement d’être “prêt à tout céder” face aux émeutes.
A droite comme à gauche, le président de la République est accusé d’agir dans l’urgence, après un quinquennat d’atermoiements sur le dossier. “Les demandes auxquelles semble commencer à répondre le ministre de l’Intérieur sont sur la table depuis des années et des années, par des élus légitimes”, affirme Xavier Bertrand sur LCI, en faisant mine de s’interroger: ”Ça veut dire qu’en France, il faut qu’il y ait des menaces et des violences pour que l’Etat se mette autour d’une table? Ce n’est pas la bonne façon de faire”.
“Il faut un drame, comme d’habitude...”
S’il ne conteste pas la décision sur le fond, Yannick Jadot, qui défend depuis “des mois et des mois l’idée d’une autonomie de plein droit en Corse”, accuse, lui aussi, le gouvernement de ne pas s’être emparé de la question plus tôt.
“Ce qui est terrible, c’est qu’il faut un drame, comme d’habitude avec ce quinquennat, pour commencer à entrevoir des solutions”, regrette-t-il, ce mercredi sur France 2, à l’heure où la violente agression d’Yvan Colonna fait ressurgir les tensions entre l’Etat et les nationalistes, frustrés que leurs victoires dans les urnes n’aient pas fait aboutir leurs revendications sous Emmanuel Macron.
Anne Hidalgo va plus loin et parle d’une “façon de faire extrêmement préoccupante” qui témoigne de la “volonté d’enjamber l’élection présidentielle avec un ministre de l’Intérieur qui nous explique qu’on engage un processus long d’autonomie”.
“Un mot lâché dans cette campagne à moins de quatre semaines du premier tour”, insiste la candidate socialiste sur Europe 1 pour mieux souligner ce calendrier singulier, à l’unisson d’une classe politique encline à parler “autonomie”, mais pas dans ces conditions.
Reste l’extrême droite et leur message aux tonalités différentes: “la Corse doit rester française”, martèlent avant tout Marine Le Pen et Eric Zemmour ce mercredi en réaction à l’interview de Gérald Darmanin. “Passer de l’assassinat d’un préfet à la promesse d’autonomie, peut-il exister un message plus catastrophique?”, écrit ainsi la cheffe de file du Rassemblement national sur les réseaux sociaux en ciblant “le clientélisme cynique d’Emmanuel Macron” qui “brise l’intégrité du territoire français”. L’ancien journaliste critique, lui, “une basse manoeuvre électoraliste.”
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