ART PHOTOGRAPHIE #Photographie #DesvarieuxLudner

Une image vaut mille mots avec Desvarieux Junior Luner. Art Photographie , un metier qui s'impose dans le monde. Il fait vivre , les evenements comme tout autre metier du monde.écriée dès son invention, la photographie est encore aujourd’hui l’objet de controverses malgré, et en partie à cause des progrès spectaculaires qu’elle a connue, le développement considérable de son public et de la diversité des domaines dans lesquels elle trouve une application. Considérée comme un accessoire, comme le produit d’un mécanisme, la photographie ne pouvait avoir aucune prétention artistique.

En Haïti, il est vrai que dans un premier temps la photo avait essentiellement une fonction documentaire. Je classerais volontiers dans cette catégorie les portraits qui étaient réalisés, d’abord à l’étranger, puis chez les premiers professionnels qui ont installé leur studio à Port-au-Prince. Il s’agit de P. Catinchi vers 1860 et de W. Watson vers 1880. J’avoue que lorsque je reçois de mon ami Frantz Voltaire ces magnifiques photos anciennes, images de gens que je ne connais pas, elles constituent pour moi une forme d’archives, un ensemble de matériaux permettant à des sociologues, des historiens, des curieux en général de recueilliir des témoignages d’un temps passé. Même si je ne parviens pas à identifier le ou les personnages représentés, je sais qu’ils et elles font partie de l’histoire particulière d’une famille que quelqu’un, sûrement, quelque part, pourrait nous conter.

La réalisation de ces photos a nécessité une mise en scène, un décor, une toile de fond et quelquefois des accessoires. Et puis il y a un soin particulier apporté au vestimentaire. Tout ceci était nécessaire car la photo devait dire quelque chose du personnage ou de la famille photographiée. Et si elles ont toutes en commun ce manque de spontanéité, c’est qu’elles sont posées et qu’à cause de cela, les sourires sont souvent figés. Je ne peux donc pas exclure le fait que ces portraits ou photos de famille n’ont pas été l’objet d’une démarche esthétique.

Je rangerais dans la catégorie artistique les photos qui ont de préférence été réalisées avec les procédés plus récents, c’est-à-dire les caméras portables qui ont donné aux photographes plus de liberté au niveau des sujets à photographier. Mais pour qu’elles soient artistiques, faudrait-il encore qu’elles traduisent un sentiment ou une recherche esthétique particulière.

Même si elle se veut art, la photo n’est pas et ne sera jamais la peinture. Malgré les rapports qui existent entre eux, il y a entre eux un mode au niveau de la réalisation. En effet, là où une photo est prise en moins d’une seconde, un tableau peut prendre des heures, des jours, même des mois pour être terminé. C’est dire qu’un photographe peut réaliser un nombre considérable de photos dans l’espace de temps que prend un peintre pour faire un tableau. Si le tableau est raté, c’est fait. Par contre, dans le lot de photos, il y a de fortes chances qu’il y en ait une qui soit bonne. Mais, pour qu’elle soit artistique, il faut qu’en regardant une belle photo on soit impressionné non par le traitement du sujet, mais par le sujet lui-même.

À titre d’exemple, je mentionne cette photo d’un paysan haïtien que réalise un photographe haïtien probablement adepte du mouvement indigéniste du début du siècle dernier. Le sujet est vieux, il est pauvre, il est vêtu sommairement d'un pantalon retroussé et retenu à la taille par une petite corde en lieu et place d’une ceinture. Mais il porte fièrement ses outils d’agriculteur, il a l’air fort et dans son humilité il transmet une impression de noblesse. Percevoir ainsi cette photo signifie que celui qui l’a prise a bien su capter l’émotion qui est venue à lui. Par-dessus tout, même si la photo, du point de vue luminosité, composition et mise au point, est parfaite, le photographe a su faire passer au second plan sa technique pour laisser le sujet photographié nous impressionner.

À partir de photos qui ont survécu, il me semble qu’en Haïti les premières photos artistiques sont arrivées avec l’indigénisme. Pétion Savain était photographe avant d’être peintre; même que ses photos lui ont beaucoup servi dans sa carrière de peintre. Les photographes d’alors, s’ils se disaient professionnels, n’ont pas réclamé le titre d’artiste; et pourtant. Ayant consacré le plus gros de leur production à des commandes, à des images à caractère documentaire, c’est leur technique qu’ils mettaient en avant et non leur sensibilité. Le mouvement indigéniste qui a gagné les élites et la classe moyenne, ces catégories sociales qui pouvaient avoir un intérêt pour la photographie, a ainsi permis à certains d’afficher leur sensibilité.

Interview : Gaby VICTOR
Montage Video : Gaby VICTOR